« Amis du jour bonjour, amis du soir bonsoir !

Je vous écris en direct de la banlieue de San Francisco, en ce bel après-midi de juillet 2010. Il fait beau, il fait chaud et vous n'êtes pas sans savoir que les choses changent par ici. Comment ça vous ne savez pas? Vous ne lisez donc jamais mes articles? Terrible erreur, ils sont tellement bons ! Enfin, petit récapitulatif pour nos amis égarés...

Il y a de cela trois ans, de petites maisons de bois ont commencé à apparaître au milieu d'un terrain vague en périphérie de la ville et des cabanes sont apparues dans les bois alentours. Puis tout doucement, une bâtisse portant la mention "Dispensaire" a fait son apparition, un marché a commencé à se tenir et tout un village a surgit de terre en quelques mois. Le tapage est d'abord resté très local et cela se limitait essentiellement à des regards curieux et des plaintes pour tapage nocturne. Puis le responsable de ce village champignon s'est finalement fait connaître et a accordé une interview à votre dévouée servante...

Ce village, c'est Strawberry Fields, en hommage à la célèbre chanson des Beatles. Theodore et Alicia Williams, les créateurs de cet endroit hors du temps se sont expliqués: ils désirent créer un havre de paix, où chaque personne qui le désire pourrait venir s'installer, construire sa maison avec l'aide de ses voisins et travailler ensuite pour subvenir à ses besoins élémentaires. Il ne faut pas craindre le rudimentaire bien sûr et pour prendre votre douche, un dévoué ami doit pédaler à côté et il en va de même pour laver son linge. Les repas se prennent également en commun, dans une cantine administrée par une souriante mère de famille que tous ici appellent Georgie. Ici, pas de télévision, pas d'ordinateur, seulement de vieux postes de radios à piles et une seule et une unique cabine téléphonique, pour contacter famille et amis. Les responsables accueillent les nouveaux venus à bras ouverts et vous êtes libre de rester le temps que vous voulez, il y a même une petite auberge sympathique pour les gens de passage: le Morrison Hotel. Rien de très luxueux, mais les lits sont confortables et le personnel chaleureux.

C'est un véritable retour aux sources, nous explique-t-on et le thème de ce petit village à la saveur délicieusement hippie est la musique. Les Williams font venir des groupes d'horizons tous différents et ils se produisent sur une vaste scène, le seul endroit ici à être véritablement alimenté en électricité. Les concerts sont sélectionnés avec le plus de soin possible et il est rare de voir dans cette programmation éclectique quelque chose qui ne soit pas d'excellente qualité. Cela rappelle l'ambiance conviviale des festivals en tout genre, oscillant entre Woodstock et Coachella. Il fait bon vivre à Strawberry Fields et on n'y manque nullement de distractions. Ce microcosme social est enchanteur pour les yeux et les oreilles et l'on se délecte simplement en se promenant dans les petits chemins, où tout à chacun engage la conversation.

Mais si je fais un nouveau papier sur ce petit village, que vous savez cher à mon coeur romantique, c'est parce qu'il y a du nouveau à Strawberry Fields ! Ce n'est plus le village de fous à côté de San Francisco, c'est devenu un véritable phénomène et l'on en entend parler tout autour de la planète. Figurez-vous qu'un reportage de quarante-cinq minutes a été diffusé sur la chaîne japonaise la plus regardée ! Bref, Strawberry Fields fait du buzz et attire inévitablement des artistes internationalement reconnus. Et je vous annonce en avant-première, qu'une prestation des Unkown Soldiers, des Jansson Brothers et de Hannah & Leopold, entre autres sommités de la musique, est prévue pour l'été.

Accrochez-vous chers San Franciscains, cette année sera celle de Strawberry Fields ! »

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Diana Pearl Stinger.